La position négative de Platon à l΄égard de la poésie tragique est connue. Elle s΄exprime en tant que rejection de la mimésis: l΄imitateur connaît seulement le phénomène. Le logocentrisme de Platon est méfiant à l΄égard de la représentativité, et surtout de celle-ci ayant pour instrument le mythe. De surcroît, et dans le cadre d΄une optique anthropomorphique, Eschyle est également responsable de l΄avilissement des dieux.
Pourtant, chez Eschyle, la vision de la vérité survient comme processus de connaissance et, comme chez Platon, la transition du stade de la doxa à celui de la science s΄effectue grâce à l΄enchaînement. L΄analogie entre les Lois de Platon et les Euménides et les Suppliantes d΄Eschyle est surprenante: nous pourrons constater comment la solution de la dualité se fait au moyen du rattachement d΄un des deux termes avec une Idée qui les dépasse. D΄ailleurs, Eschyle aussi propose la connaissance de l΄acte juste impliquant l΄élévation au-delà de la réalité, au moyen d΄une contemplation de l΄origine.
Une acceptation du mode platonicien de compréhension de l΄œuvre tragique eschyléenne, qui équivaut à une lecture des mouvements eschyléens d΄une manière platonicienne dans le cadre de sa théorie mimétique, permet de relever la relativité intrinsèque des deux visions différentes en tant que recherche de l΄origine-modèle.