L΄étude a pour objectif de montrer l΄erreur foncière de l΄opinion courante, selon laquelle Aristote fut le doctrinaire de l΄esclavage comme institution juridique. Fondée sur une utilisation exhaustive et une interprétation serrée des passages du Corpus Aristoteltcum concernant son sujet, elle comprend trois parties.
Dans la première partie est présenté le sens, très large, auquel Platon et Aristote emploient le mot «esclave», pour désigner surtout une attitude ou une qualité de caractère moral. Chez Platon, par exemple, est employé le mot «esclave» comme une expression adéquate, fût-ce par métaphore, de la soumission du corps à l΄âme, des gouvernants aux lois, voire de l΄homme à Dieu; par Aristote la qualification «esclave par nature» est attribuée à l΄homme qui a une infirmité mentale héréditaire.
Dans la deuxième partie est opérée l΄interprétation du mot «nature» de l΄expression aristotélicienne «esclave par nature». Dans ce but sont évoquées les doctrines d΄ Aristote concernant les rapports entre nature et art, de même qu΄entre forme et matière, les conditions de la naissance des monstres et aussi la fonction de l΄éducation et les limites de ses possibilités. Il en est déduit que «l΄esclave par nature» n΄est pas susceptible d΄amélioration morale, parce qu΄entièrement dépourvu de faculté de déliberer.
Dans la troisième partie, il est affirmé qu΄Aristote n΄approuve d΄aucune l΄esclavage en tant qu΄institution juridique, et même qu΄il la désapprouve décidément par sa conception de ce qu΄il appelle «esclave par nature».